Les Amis du Monde diplomatique de l'Aude
Des lecteurs-lectrices solidaires et actionnaires d'un mensuel pas si diplomatique
"Les paradoxes de l'Espagne"
Rencontre - échanges
Avec Hubert Peres
professeur émérite de science politique à l’université de Montpellier et chercheur au
“Centre d’études politiques et sociales”, auteur de l'article résumé ci-contre
dans le Manière de Voir
L’inamovible M. Sánchez :
Pedro Sánchez, dirigeant social-démocrate du PSOE, gouverne l’Espagne depuis 2018, une longévité exceptionnelle en Europe occidentale, d’autant plus remarquable qu’il n’a jamais bénéficié d’une majorité parlementaire confortable. Son ascension est paradoxale : battu lors de deux législatives consécutives en 2015 et 2016, puis contraint de démissionner de la direction du PSOE, il parvient à rebondir et à reprendre la tête du parti en 2017. En 2018, il renverse le président conservateur Mariano Rajoy grâce à une motion de censure soutenue par Podemos et les partis nationalistes basques et catalans, devenant chef du gouvernement d’une coalition fragile.
Après les élections de 2019, il forme le premier gouvernement national de coalition depuis la transition démocratique, associant le PSOE, Podemos et divers partis régionalistes. Malgré les tensions internes, ce gouvernement adopte un nombre important de réformes : hausses du salaire minimum et des dépenses sociales, régulation du travail précaire, lois mémorielles renforcées, légalisation de l’euthanasie, égalisation des
congés parentaux, congé menstruel, loi sur le consentement sexuel, et loi sur l’autodétermination de genre, très controversée.
Cette activité législative alimente une forte polarisation. La droite dénonce la dépendance de Sánchez aux indépendantistes, et Vox instrumentalise la question féministe et identitaire. En 2023, malgré une victoire du Parti populaire, Sánchez parvient à rester au pouvoir grâce à un accord difficile avec Junts incluant une loi d’amnistie pour les indépendantistes catalans. Sa nouvelle coalition est encore plus fragile, menacée par Junts et par un Podemos désormais dissident. Le gouvernement est paralysé budgétairement, et Sánchez fait face à des attaques personnelles et à des accusations visant son entourage, mais il entend rester en place jusqu’en 2027.
Vendredi 12 décembre 18 h
